1. |
La flemme
03:39
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La flemme
Jʼaimʼrais avoir lʼargent, la gloire
Tomber des filles dans ma Jaguar
Jʼaimʼrais savoir faire du bateau
Donner des bals dans mes châteaux
Mais jʼai la flè-è-emme
Jʼai la flemme
Jʼaimʼrais humilier les avares
Être promu lʼAmi des Arts
Jʼaimʼrais taper sur des fachos
Émanciper tous les prolos
Mais jʼai la flè-è-emme
Jʼai la flemme
Cʼest pas que jʼaime le marasme
Jʼai des idées, plein de fantasmes
Et je peux discourir des heures
Sur comment trouver le bonheur
Jʼvoudrais briller au cinéma
Devant, derrière la caméra
Jʼvoudrais signer mes oeuvres complètes
Et me diriger dans Hamlet
Mais jʼai la flè-è-emme
Jʼai la flemme
Faudrait pʼtêt que je sorte du lit
Ah faut quʼ je nettoie mes habits
Il doit me rester des sardines
Non mais, après tout, qui dort dîne
Et jʼai la flè-è-emme
Jʼai la flemme
Moi jʼaime bien compter les oiseaux
Faire la planche ou des ronds dans lʼeau
Jʼaime bien guetter par ma fenêtre
Ce qui arrivera peut-être
Agitez-vous si ça vous plaît
Courez, courbez, croulez, coulez
Pour de lʼargent et des ulcères
Et pourquoi pas un pʼtit cancer
Moi jʼai la flè-è-emme
Jʼai la flemme
Il y a bien de ces créatures
Qui viennent rôder dans ma pâture
De perfides enchanteresses
Qui obtiennent de moi des prouesses
Et là, jʼai plus la flè-è-emme
Jʼai plus la flemme
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2. |
Viens
04:22
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Viens
Viens donc chez moi, petite
On écoutera de l’opéra
Y a tout Mozart là où j’habite
Viens donc un soir chanter pour moi
Viens faire un tour, mignonne
Dans ma mansarde à chocolats
Ouvre tes grands yeux et ronronne
J’ai bien d’autres douceurs pour toi
Vu que pour moi
Tu es accorte
Pousse tes pas
Jusque ma porte
Là sous mon toit
Je te convie
A l’entrelacs
De nos envies
N’en restons pas, ma belle
Aux jolis petits brins d’émois
A tes audaces de pucelle
Et tes si charmants embarras
Aux transes plus exquises
Comme tu t’en trouves à deux doigts
Allons, ne sois plus indécise
Que ce qui pourrait être soit!
Vu que pour moi
Tu es accorte
Pousse tes pas
Jusque ma porte
Eprouvons la
Cette promesse
Nos coeurs béats
Nos corps en liesse
Viens par ici, princesse
Buvons un peu à tes printemps
Et plus aux miens, jusqu’à l’ivresse
A l’abord des plaisirs latents
Nous roulant quelques unes
Nous fumerons sur mon divan
Sous la fenêtre au clair de lune
L’astre nous mènera aux croissants
Vu que pour moi
Tu es accorte
Pousse tes pas
Jusque ma porte
Retrouve moi
Douce et hardie
Entre mes bras
Viens ma jolie
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3. |
Morose cité
03:08
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Morose cité
Laisse moi tenter
Chère capitale
Ton p’tit portrait
A l’orientale
Là-haut tout gris
Galeries galère
T’es à Paris
Tu accélères
Tu prends le bus
Faut t’aplatir
L’angoisse des gus
C’est s’en sortir
Partant de là
Partons d’ici
Y a pas d’bon temps
Et tant de pluie
Fous du volant
Cyclistes, rollers
T’en sors vivant
C’est par erreur
Cause donc aux chiens
C’est la pratique
Le genre humain
Est hermétique
Partant de là
Partons d’ici
Prévenons les gens
Qui nous envient
Dans cette ville
T’as plus un toit
Rien que des tuiles
Les huiles font loi
Une pause café
Tourne à l’enfer
Ticket salé
Garçon amer
Partant de là
Partons d’ici
On montre les dents
Et tout est dit
C’est pas une vie
Tu t’sens minable
Tu mates des filles
Inabordables
Portes fermées
Regards hostiles
Y a pas d’entrée
Sans un vigile
Partant de là
Partons d’ici
Beaux monuments
Et chienne de vie
Tu trimes, tu craques
Tu agrippes le zinc
Tu parles en vrac
Tout le monde trinque
Même dans ta rue
Y a que des ombres
A courte vue
Và, tu encombres
Partant de là
Partons d’ici
Laissons en plan
Ces malappris
Là haut tout gris
Galeries galère
T’es à Paris
Vilaine lumière
Là haut tout gris
Galeries galère
T’es à Paris...
Y a rien à faire!
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4. |
Émois clandestins
03:05
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Émois clandestins
Si vous saviez mademoiselle
A quoi je pense quand je vous vois
Tout ce qu’une fois virtuelle
Vous entreprenez avec moi
Vous observant tout à loisir
La ferveur du compartiment
Semble dédiée à nos plaisirs
Chaque jour un peu plus déments
C’est difficile à croire
Je n’aime pas mon métier
Mais ça n’a rien à voir
J’aime aller travailler
C’est difficile à croire
Je n’aime pas mon métier
Mais rien que pour vous voir
Je n’aimerais pas chômer
Je ne raterais pour rien au monde
Le train de sept heures moins le quart
Où mes fantaisies vagabondent
Sans que je sache vous en faire part
Si vous saviez ce qui se trame
Chaque matin de jour ouvré
Dans la tiédeur de cette rame
En seriez-vous au moins flattée?
C’est difficile à croire
Je n’aime pas mon métier
Mais ça n’a rien à voir
J’aime aller travailler
Grâce à vous le devoir
Parvient à m’ébranler
N’était-ce pour vous voir
Je resterais couché
Il y a chez vous tous ces détails
Ces petits gestes, ces ornements
Qui font que mes pensées déraillent
Même si vous lisez gentiment
Il y a l’incessant va et vient
Encore alangui de sommeil
De vos cheveux, de votre main
Qui met tous mes sens en éveil
C’est difficile à croire
Je n’aime pas mon métier
Mais ça n’a rien à voir
J’aime aller travailler
Tout à nos avatars
J’ai pas l’air accablé
D’aller à l’abattoir
Comme tous ces exploités
Un matin de fugues coquines
Je tendrai vers vous tout hagard
La lettre que je vous destine
Pendant que le train entre en gare
Il serait bon que vous sussiez
Comme je vous vois au quotidien
Je suis las de mes apartés
Les transports c’est mieux en commun
C’est difficile à croire
Je n’aime pas mon métier
Mais ça n’a rien à voir
J’aime aller travailler
Je serais ravi de voir
Ces visages familiers
Lancer des regards noirs
À nos réels baisers
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5. |
Maya
04:28
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Maya
Cʼest vrai que le demi nʼest pas cher
Mais je ne viens pas seulement pour ça
Tous les samedis boire verre sur verre
Je sais que Maya sera là
Altière et leste à lʼheure de pointe
Elle sʼaffaire sans fébrilité
Dose des cocktails et sert des pintes
Magnifie mon ébriété
Cette prêtresse de bistrot
À la fois cordiale et distante
Mène son office de très haut
Inaccessible et si tentante
Et moi, en preste picoleur
Assis, béat, jʼattends mon heure
Elle me ressert, elle me sourit
Dissipe mon début dʼennui
Elle distille des conversations
Au hasard le long du comptoir
Dʼune touchante application
À être parmi nous ce soir
Elle souffle une clope, change de musique
Un instant elle rêve debout
Un bref instant, non mécanique
Elle sʼincarne de bout en bout
Elle est discrètement jolie
Elle est simplement élégante
Une fière à fausse modestie
Qui sait quʼelle est une belle plante
Et moi, en preste picoleur
Assis, béat, jʼattends mon heure
Pris dʼune soudaine empathie
Je me fais toute sorte dʼamis
Tous les garçons sont amoureux
De ce côté ci du comptoir
Il suffit pour faire un heureux
Dʼun prénom quand elle sert à boire
Moi elle mʼappelle le poète
Mʼa fait état du même penchant
Et mandaté sur internet
Jʼai pu constater son talent
Lui ai servi mes propres vers
Par ce canal électronique
On ne mélange pas les univers
Dit-elle, cʼest trop schizophrénique
Et là, en preste picoleur
Assis, béat, jʼattends mon heure
Quand elle encaisse, elle en oublie
Cette petite faveur me réjouit
«On ferme sʼil vous plaît messieurs dames!»
Comme dʼhabitude je suis le dernier
Je ravale mes états dʼâme
Princière, elle passe le balai
Ma station debout est précaire
Je crois que je salue dignement
Ultime sourire sans commentaire
Va-t-elle retrouver son amant ?
Peut-être pas, je marche, je rêve
Je rumine de futurs éclats
Concocte une idylle même brève
Samedi prochain je serai là
Oui, moi, en preste picoleur
Assis, béat, jusquʼà pas dʼheure
Attendant du bout de la nuit
Une improbable fantaisie
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6. |
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Les premiers temps d'un amour
Les premiers temps d’un amour
Qu’on aille aux Puces ou à Venise
On s’extasie à chaque détour
Et hop, on se refait des bises
Les premiers temps d’un amour
Il faut d’urgence tout partager
On s’appelle sans cesse pour
D’immanquables frivolités
Les premiers temps d’un amour
Ça vous trafique le moral
C’est si beau d’avoir vu le jour
Le monde ne va pas si mal
Les premiers temps d’un amour
Légers, palpitants, un peu niais
Aux cloches d’alarme on reste sourds
On fonce comme des nouveaux nés
Les premiers temps d’un amour
Même quand on a du métier
On s’laisse embarquer pour un tour
En pensant qu’on est bien tombé
Les premiers temps d’un amour
Qu’est ce qu’on est con, qu’est ce qu’on s’y croit
Le cerveau est en plein rebours
On met tout l’monde dans l’embarras
Pour qu’un amour dure toujours
D’après Roméo et Juliette
Il n’y a que l’ultime recours
Il faut très vite que tout s’arrête
Les premiers temps d’un amour
On se lance et relance des fleurs
Chacun montre son meilleur jour
Plus tard on cherchera l’erreur
Les premiers temps d’un amour
Pour les corvées on s’met devant
Puis on concède quelques tours
Et ça finit donnant donnant
Les premiers temps d’un amour
Y a plein d’élan pour l’escapade
Et voilà qu’un moindre détour
A fait éclore une engueulade
Les premiers temps d’un amour
On aime bien les tête-à-tête
Mais tout à coup ça devient lourd
Quand on ne baise pas on s’embête
Les premiers temps d’un amour
On danse la samba et le twist
Pour finir seul sur Aznavour
À se faire mal et on insiste
Les premiers temps d’un amour
C’est pourtant bien ce qui me tente
Et je fais vaguement la cour
Pour le seul oubli d’une absente
Pour qu’un amour dure toujours
D’après Roméo et Juliette
Il n’y a que l’ultime recours
Il faut très vite que tout s’arrête
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7. |
Néandertal
03:06
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Néandertal
Derrière mes binocles je mate, je mate, je mate
Et je rêve à lʼépoque où nous étions primates
Et où deux grognements servaient de préambule
À tout accouplement, je nous trouve ridicules
Avec nos bonnes manières, je regrette le temps
Où la vue dʼun derrière devant vous dodelinant
Valait droit dʼintrusion, naturelle, de bonne grâce
Franchement toutes ces façons, aujourdʼhui, ça mʼagace
Néandertal
Où sont nos râles ?
Cro-Magnon
Cʼétait si bon
Néandertal
Jʼme sens trivial
Cro-Magnon
Cʼest toi au fond
Des restaus, des cinés, des soupirs, des discours
Envie de copuler, pourquoi tant de détours ?
On sait quʼils sont néfastes depuis Freud et Lacan
Tous ces petits airs chastes, nous sommes concupiscents
Echangeons nos odeurs, foin de délicatesse
Et tâtons nos humeurs sur le galbe des fesses
Partout des ventres crient: frustration, dépression
Exprimons nos lubies, libérons nos pulsions
Néandertal
Où sont nos râles ?
Cro-Magnon
Cʼétait si bon
Néandertal
Cʼest viscéral
Cro-Magnon
Cʼest oui ou non
Du large les hypocrites, je vous entends déjà
Crier à la faillite du bon ordre, de la loi
Vous qui jouissez en douce, dʼidéales tentations
Vous êtes pleins de frousse devant lʼexultation
Vous brandissez le couple, la société, lʼenfance
Il y aurait moins de troubles si lʼon comblait nos sens
Il y aurait moins de guerres sʼil y avait plus dʼamour
Allons-y partenaires, tous comme au premier jour!
Néandertal
Où sont nos râles ?
Cro-Magnon
Cʼétait si bon
Néandertal
Cʼest convivial
Cro-Magnon
Ça tourne rond
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8. |
Petites nuits
05:42
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Petites nuits
C’était le temps des petites frappes
Des joyeux abrutis, des gouapes
Surgis sur le haut du pavé
Soudain outrageant de fierté
Certains les trouvait rassurants
Ces p’tits soldats tonitruants
Quelques uns de mes camarades
Avaient rejoint la grande parade
J’étais maudit d’avoir pu dire:
Inanité, furieux délire
Dans le garage servant d’abri
Je me tenais près de Dolly
On habitait la même rue
Elle savait que j’étais mordu
Quand elle m’a entraîné derrière
Notre auvent, une colonne d’air
La divine surprise de sa langue
S’est achevée dans un gros bang
Nous nous sommes recroquevillés
Et tout l’monde s’est mis à appeler
Une petite nuit de bombes
Entre voisins, en famille
Des rumeurs d’hécatombes
Des gueules d’insomnie
Une petite nuit de bombes
Entre voisins, en famille
Et l’explosion et l’onde
D’un tout autre acabit
Chacun a décrété sa place
Selon son clan, selon sa classe
Et disposé petit à petit
D’une parfaite panoplie d’abri
N’ont pas oublié le grand-père
Cette fois, ni la bonne à tout faire
Les soeurs siamoises sur leur transat
Partagent un walkman béates
Y a l’vieux garçon et sa maman
Aussi accablés qu’accablants
Le juge affiche son rictus
Loin du chien qui mordille ses puces
Le gardien guette la cafetière
Sur le camping gaz du notaire
La chorale des mouflets brailleurs
Suit les obus, mineurs, majeurs
Des gamins, par affinité
S’échangent d’importants secrets
Ils sont heureux de pas dormir
Se fichent des questions d’avenir
Une petite nuit de bombes
Entre voisins, en famille
Sortis du lit en trombe
Enterrés ahuris
Une petite nuit de bombes
Entre voisins, en famille
Et des ombres qui grondent
Ça suffit, ça suffit!
Dolly était déjà jeune fille
Moi j’étais tout frais dégrossi
On chuchotait, on s’esclaffait
Et par moments on s’endormait
Mais tout cela restait très sage
Mes yeux seuls lui rendaient hommage
Jusqu’à ce soir de grande alerte
Où j’ai goûté sa langue offerte
Le fracas nous a séparés
Mais nous allions recommencer
Dans notre enclave tous les deux
Nous sommes restés bien silencieux
Comme souvent durant ces veillées
Souriant des rumeurs captées
Reconnaissant voix et formules
Des vieux forcément ridicules
L’instit’ leur parle du dehors
L’oreille collée au transistor
Et c’est dommage bim bam boum
On n’a plus le chant d’Oum Koulthoum
Une petite nuit de bombes
Entre voisins, en famille
La vie file à toute plombe
On regrette l’ennui
Une petite nuit de bombes
Entre voisins, en famille
Et tous ces petits mondes
Qui n’s’en sont pas remis
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9. |
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Ne me regarde pas comme ça
Je vais cesser de boire
J’étais un peu en crise
Enfin, plus chaque soir
J’amorce la reprise
Ne me regarde pas comme ça
Je pourrais essayer
De sortir du chômage
Quoiqu’à bien y penser
Quel serait l’avantage ?
Ne me regarde pas comme ça
Demain je me remets
A ce fameux roman
J’ai laissé décanté
Je crois qu’c’est le moment
Ne me regarde pas comme ça
Je m’sens devenir bête
Tu sais, j’étais brillant
Plein d’esprit et poète
Tu n’m’as pas vu avant
Ne me regarde pas comme ça
Au fond tu es égoïste
Tu ne sais même pas
Ce que c’est qu’être artiste
C’est pour ça que je bois
Ne me regarde pas comme ça
Je vais cesser de boire
J’étais un peu en crise
Enfin, plus chaque soir
J’amorce la reprise
Ne me regarde pas comme ça
|
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10. |
La muse musarde
03:42
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|||
La muse musarde
Allez, reviens
Je m’arrime à rien
La feuille est blanche
Les idées noires
Le vin m’abîme
Soyons intimes
Reviens me voir
Où donc t’es-tu taillée ?
Le crayon fait grise mine
La tête sur le rayé
Il rêve qu’il te taquine
Viens sortir de prison
Tous ces mots qui se planquent
Tisse leurs des liaisons
Ah que tes lubies manquent
Allez, reviens
Je m’arrime à rien
La feuille est blanche
Les idées noires
Le vin m’abîme
Soyons intimes
Reviens me voir
Lorsque tu fais le mur
Moi j’ai une muselière
Je sécrète ma bavure
Sans mordant et sans air
Tu sais ce qui m’amuse
Moi j’inspire pitié
Je vois bien que j’abuse
Mais tu aimais bien mon thé
Allez, reviens
Je m’arrime à rien
La feuille est blanche
Les idées noires
Le vin m’abîme
Soyons intimes
Reviens me voir
Je te donne un baiser
Et toi tu affabules
Comme l’on s’épuisait
En nos conciliabules
Reprenons donc ces joutes
A ta guise, impromptues
Tes idées et mes doutes
Le silence me tue
Allez, reviens
Je m’arrime à rien
La feuille est blanche
Les idées noires
Le vin m’abîme
Soyons intimes
Reviens ce soir
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11. |
L'oreille prêtée
03:13
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|||
L'oreille prêtée
Toujours au point de dire allô
Elle guette son téléphone
Qui s’met à jouer du Xylo
Elle répondrait même aphone
La nuit c’est entre ses lolos
Qu’le cher engin bourdonne
Devant son plus simple appareil
Je manque perdre la raison
Cette ligne qu’elle surveille
Elle en abuse en toutes saisons
Lorsque sonne cet hallali
En moi s’entonne un oh la la
Mais si j’implore le répit
Elle me regarde d’un air las
A tout instant le tout petit
Latent, tintant à ton montant
Teinte à tue-tête et retentit
Tout en étant atteint à temps
Au restaurant en tête à tête
Première alarme à l’apéro
Moi je n’ai eu droit qu’à des miettes
Mais tout l’monde a son numéro
Un jour au plus fort des ébats
Mon extase fut suspendue
Par un signal de branle-bas
Mais elle s’est bien répandue
A tout instant le tout petit
Latent, tintant à ton montant
Teinte à tue-tête et retentit
Tout en étant atteint à temps
Toujours au point de dire allô
Elle guette son téléphone
Qui s’met à jouer du Xylo
Elle répondrait même aphone
La nuit c’est entre ses lolos
Qu’le cher engin bourdonne
Pour lui parler de toute urgence
Je lui ai adressé un appel
Mais elle m’a mis en instance
J’ai patienté, là, tout près d’elle
Aux funérailles d’un ami
Soudain son joyeux carillon
Fut également enseveli
Juste mais fugace oraison
A tout instant le tout petit
Latent, tintant à ton montant
Teinte à tue-tête et retentit
Tout en étant atteint à temps
|
||||
12. |
Assistance sociale
03:23
|
|||
Assistance sociale
Jʼai demandé le Rmi
Mais je ne suis pas fainéant
Moi jʼécris de la poésie
Jʼai jamais travaillé autant
Une dame me reçoit elle me dit:
Vous faites quoi pour vous en sortir ?
Jʼhésite un peu puis je lui dis:
Des chansons, ça va aboutir
Elle me regarde avec pitié
Ou bien est-ce du désespoir ?
Me dit: faut cesser de rêver
Lʼétat nʼentretient pas des loirs
Lʼassistante sociale
Me veut du mal
Sans conversion
Jʼai pas un rond
Il faut quʼjʼavale
Sa pʼtite morale
Sans le sermon
Jʼai pas dʼtampon
Deuxième rendez-vous elle me dit:
Alors, toujours pas de métier ?
Quelquʼun commʼ vous cʼest du gâchis
Je lui reparle de mon projet:
Laissez-moi produire de lʼesprit
Pendant que dʼautres font leur beurre
Pour si peu de sous consentis
Moi, Madame, jʼemplirai des coeurs
Elle me fait signer la promesse
De chercher un emploi sérieux
Moi jʼai des créanciers aux fesses
Je veux bien signer ce quʼelle veut
Lʼassistante sociale
Me veut du mal
Sans conversion
Jʼai pas un rond
Il faut quʼjʼavale
Sa pʼtite morale
Sans le sermon
Jʼai pas dʼtampon
Cette fois elle brandit la photo
Dʼun champion cycliste quʼelle me vante
Faudrait que je trempe mon maillot
Je ris jaune, je crois quʼelle déjante
Jʼavais quʼà opter pour la cloche
Être absolument conséquent
Ah madame, jʼadmets ce reproche
Je ne suis pas si complaisant
Ma famille, dites-vous, mes amis ?
Déjà mis à contribution
Jʼai eu mon lot de sympathie
Et ce quʼil faut dʼhumiliation
Lʼassistante sociale
Le prend très mal
Sans insertion
Jʼai pas un rond
Si je ravale pas ma morale
Si je fais front
Jʼai pas dʼtampon
Et quand ça serait une chimère
Cette bête là, elle me vient de loin
Ayant agrippé sa crinière
Je monte à cru et je vais bien
Jʼaimerais bien rester sous un toit
Mʼalimenter et parfois boire
Comment convaincre ces gens là ?
Jʼai déjà du mal à y croire
Artiste sans gloire, tʼas la vie dure
Ton genre nʼa pas droit de cité
Ils feront tout pour que lʼusure
Ait raison de ton échappée
Lʼassistante sociale
Me comprend mal
Bonnes intentions
Ou frustrations ?
Jʼai pas lʼmoral
Cʼest pas social
Y a du pognon
Révolution!
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Tony Abdo Paris, France
Amoureux des mots comme Brassens, matheux comme Vian, méditérranéen oriental comme Moustaki, alcoolique et obsédé comme Bukowski et Gainsbourg (ou vices versa), gémeau comme Dylan, myope comme Annegarn... Tony Abdo devrait être complétement schizo... mais pas du tout, c'est un garçon simple ! ... more
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